Areva est un groupe français qui figure parmi les leaders mondiaux de l’énergie nucléaire. Il résulte de la fusion, en septembre 2001, de CEA Industrie, Framatome et Cogema. Coté sur le marché de l’Euronext Paris, Areva est composé de quatre principaux domaines d’activités qui sont: le pôle amont (extraction et enrichissement d’uranium), le pôle aval (recyclage des combustibles nucléaires), le pôle réacteur et services (construction de réacteur nucléaire et services au combustible) et jusqu’à récemment, le pôle T&D (transmission et distribution d’électricité) sur lequel porte notre étude.
En analysant les relations entre la stratégie globale du groupe et la décision de céder le pôle T&D, puis en étudiant le contexte (performance de l’entreprise…) nous aurons alors une meilleure compréhension de la décision prise.
Areva dispose de compétences et d’un savoir faire de très haut niveau dans son secteur, résultat de plus de 60 ans d’histoire de l’électronucléaire français. Le groupe a pour ambition d’être à la fois le fournisseur mondial d’infrastructures nucléaires mais également du combustible nécessaire à l’exploitation de ces infrastructures, ainsi que des services attachés à ce combustible.
Anne Lauvergeon, Présidente du groupe, compare d’ailleurs volontiers parfois sa stratégie avec celle de Nespresso, sous-entendant que les bénéfices viennent en grande partie de l’activité combustible.
La structure intégrée des activités d’Areva, de la mine au retraitement en passant par la construction de réacteurs est un avantage indéniable par rapport à ses concurrents.
Implanté dans plus de cent pays, les activités à l’international d’Areva ont une place importante dans la stratégie de croissance du groupe, en s’appuyant principalement sur la renaissance du nucléaire qui a lieu actuellement, et, jusqu’à la cession, sur les activités de T&D.
L’analyse du capital d’Areva permet de mieux mesurer les enjeux: L’Etat français détient environ 86% des fonds propres. Cette structure de capital peut apparaître comme contraignante pour le développement du groupe, l’Etat n’étant pas autorisé, par exemple, et ce en raison de la législation européenne, à financer les investissements et l’accroissement en capital.
La sortie “inattendue” de Siemens du capital, les retards sur le chantier de construction du réacteur Finlandais, la nécessité de développer le groupe et de conquérir de nouveaux marchés, amènent, d’après les experts, à des besoins estimés à environ 12 milliards d’Euros d’ici 2015. Ces besoins sont une des raisons qui ont incité l’état à céder le pôle T&D à Alstom pour 4 milliards d’Euros et à réfléchir à une ouverture et augmentation du capital.
Certains analystes ont affiché un doute quant à la pertinence de cette cession, l’activité T&D représentant environ 45% du résultat d’Areva et s’appuyant sur un réseau international dense. La Présidente, elle-même, ne souhaitait pas cette session. L’Etat, quant à lui, actionnaire principal, a avancé la nécessité de fonds propres et de recentrage des activités autour du nucléaire.
La décision prise par le gouvernement de vendre la branche T&D nous semble donc pertinente eu égard au contexte: la France est experte en nucléaire et souhaite conserver cet avantage en permettant à Areva de conquérir de nouveaux marchés, à l’export notamment. Le besoin de capitaux est nécessaire, T&D n’est pas dans le cœur de métier d’Areva, et cette décision vient en cohérence avec d’autres décisions: augmentation du capital prévue, ouverture à de nouveaux investisseurs, objectif de hausse des dividendes…
Introduction
L’entreprise que nous avons choisi d’étudier est AREVA.Areva est un des leaders mondiaux sur le marché de la production énergétique nucléaire.
Plus particulièrement nous avons choisi de nous intéresser à la décision stratégique de cession d’une de ses filiales, Areva T&D (Transmission et Distribution).
Cette cession, décidée courant 2009, a été effective début 2010. Alstom et Schneider, seront les nouveaux propriétaires de cette filiale, pour un montant estimé à 4 milliards d’euros.
La vente de cette branche d’activité d’Areva a fait couler beaucoup d’encre, en effet de nombreux observateurs ont souligné l’incongruité pour l’entreprise de se séparer de sa «vache à lait» de T&D, qui représentait plus de 30% des ventes réalisées par AREVA en 2008[1] et les difficultés que pourrait rencontrer le Groupe dans le futur.
Cette vente, largement impulsée par l’actionnaire majoritaire d’Areva, l’Etat Français, n’était pas souhaitée par le directoire d’Areva, et par sa présidente, Anne Lauvergeon. Son caractère «précipité» s’explique en grande partie par la sortie brutale de Siemens du capital d’Areva NP, la filiale d’Areva spécialisée dans la construction de réacteurs et l’approvisionnement en combustible, contraignant Areva au rachat de ces parts.
Néanmoins il convient de s’interroger sur le bien fondé de cette décision, et notamment de sa cohérence avec l’ensemble de la stratégie d’Areva.
Pour cela nous déterminerons dans un premier temps les caractéristiques de l’entreprise Areva, puis nous tenterons de définir les enjeux du secteur sur lequel se trouve l’entreprise, avant de nous interroger sur la cohérence de cette décision.
I – Areva, un leader sur le secteur de l’energie
A/ Présentation génerale du groupe et de sa stratégie
Présentation generale
Le groupe Areva se définie comme «l’un des leaders mondiaux des solutions pour la production d’énergie sans CO²» (d’après le document de référence 2009 de l’entreprise) et il exerce ses activités sur un secteur en plein essor: le marché porteur de l’énergie.
Il a su développer des compétences et un savoir faire particulier ce qui fait de lui «un acteur de référence, au cœur des enjeux énergétiques.»
Ses activités concernent l’énergie nucléaire (construction de réacteurs, exploitation nucléaire, transport des matières radioactives…) ainsi que les énergies renouvelables (éoliennes…) et le transport de l’électricité. Ce large portefeuille d’activité est le principal atout du groupe puisqu’en étant présent sur toute la chaine du cycle nucléaire il peut proposer à ses clients des offres uniques à chaque étape de la chaine de valeur et des services associés pour améliorer l’efficacité énergétique des réseaux et respecter l’environnement.
Sa présidente est Anne Lauvergeon depuis la création de la société en 2001.
Areva emploie 47817 personnes dans les activités nucléaires et renouvelables, le groupe est fortement implanté à l’international.
En 2009, son chiffre d’affaires consolidé s’est élevé à 8 529 millions d’euros et son résultat net à 552 millions d’euros.
La stratégie globale du groupe
Pour illustrer la stratégie générale du groupe nous pouvons reprendre le propos de sa présidente dans une interview du 10 juillet 2008 pour le magazine Challenges: «L’uranium est un des éléments moteurs de notre succès. Notre modèle, c’est… Nespresso: nous vendons les cafetières, et le café qui va avec. Et le café, c’est très rentable. Ainsi en Chine, nous avons vendu deux îlots nucléaires, plus 35% de la production d’Uranium, dont nous sommes propriétaires. Cela illustre notre modèle intégré».
Grâce à ce modèle d’intégration verticale, le groupe peut anticiper les besoins du marché, satisfaire au mieux la demande et ainsi avoir une longueur d’avance sur ses concurrents.
Sa stratégie est de proposer des offres multiproduits/multiservices innovantes et adaptées aux nouvelles attentes des clients. Il a de plus une parfaite maitrise technologique (reconnue sur l’ensemble de la filière) qui s’appuie sur 50 ans de recherche, des dépenses en R&D importantes, des procédés propriétaires et des réacteurs de nouvelles génération; si bien que pour l’année 2009 son carnet de commande s’évalue à près de 43302 millions d’euros.
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Sur le marché du nucléaire, Areva est l’un des seuls acteurs complètement intégré sur toutes les activités du cycle du combustible et de la construction de centrales nucléaires; il a donc a établie sa stratégie sur une vision du nucléaire civil à l’horizon 2030. Dès 2006, le groupe a engagé un programme d’investissements importants pour lui permettre de saisir les opportunités de marché liées à la renaissance du nucléaire dans les différents pays et ainsi conforter son statut d’acteur de référence dans ce domaine. La maitrise de la chaine des approvisionnements en composants critiques par exemple est l’un des facteurs clés de succès pour le groupe.
Avec la croissance du nucléaire, Areva a aussi pour objectif de sécuriser le cycle du combustible pour ses clients actuels et futurs, ainsi que de trouver des solutions durables pour la gestion du combustible usé. AREVA dispose dans ce domaine d’une avance majeure, puisque le groupe a développé une technologie qui permet de recycler 96 % des matières contenues dans les combustibles usés et de les valoriser sous forme de combustible.
Ensuite, fort des synergies entre le nucléaire et les énergies renouvelables, le groupe souhaite développer une large gamme de solutions dans les énergies renouvelables puisqu’il en a l’expertise technique et que ce secteur est en plein essor.
Pour mettre en œuvre sa stratégie, Areva s’appuie sur plusieurs facteurs incontournables:
§ Le capital humain: en 2009, le groupe a recruté 12675 personnes.
§ La R&D: 6% du CA en moyenne depuis 2005
§ Les investissements industriels: Sur la période 2010 -2012, AREVA prévoit une dépense de 6,5 milliards d’euros d’investissements (hors acquisitions).
§ Les partenariats stratégiques: ils apportent leur savoir faire et leur technicité et leur connaissance des marchés locaux
B/ Les Domaines d’activités stratégiques
Areva, possède plusieurs domaines d’activités stratégiques, tous reliés au secteur de l’énergie.
Ces activités se décomposent en 4 pôles eux-mêmes découpés en business unit.
§ Le pôle Amont: extraction et enrichissement d’uranium
§ Le pôle Aval: recyclage des combustibles nucléaires
§ Le pôle réacteurs et services: construction de réacteurs nucléaires
§ Le pôle transmission et distribution d’électricité: fabrication et installation d’équipements.
Le pôle Amont: produire du combustible
Cette activité regroupe l’ensemble des métiers situés en amont de la chaine de la production d’électricité d’origine nucléaire. Il a réalisé un CA de près de 3,47milliards d’euros en 2009 (près des deux tiers en Europe) et permet au groupe de croitre davantage.
On peut distinguer plusieurs sous activitésou business unit:
– Mines: la recherche, l’extraction et la concentration d’uranium (mines exploitées au Canada, au Niger et au Kazakhstan)à 25% du CA en 2009 du pôle Amont
– Chimie: La conversion en hexafluorure d’uranium (chimie)à 7% du CA
– Enrichissement: les services d’enrichissement d’uraniumà 34% du CA
– Combustible: les activités de conception et de production du combustible nucléaireà 34%
Représentant 41% du CA total d’Areva en 2009, le modèle économique de ce pôle est basé sur de lourds investissements à long terme et repose sur« la capacité à offrir tous les produits et services nécessaires à l’alimentation des centrales nucléaires.»
Areva est l’un des leaders mondiaux de l’amont du cycle nucléaire.
Le pôle réacteurs et services
Ce pôle consiste à concevoir et à fabriquer des réacteurs nucléaires de 2ème génération (réacteurs à eau sous pression et réacteurs à eau bouillante) et des réacteurs REP de 3ème génération. Areva produit aussi des réacteurs à propulsion navale et des réacteurs de recherche. A cela s’ajoute les activités de services de maintenance et des activités dédiées aux énergies renouvelables (ex: fabrication d’éoliennes).
Il réalise en 2009 un CA de 3418 millions d’euros soit environ 40% du CA d’Areva.
On distingue 7 business unit:
– Les réacteurs (41% du CA du pôle)
– Les services nucléaires (24%)
– Areva TA (12%)
– Equipements (9%)
– Mesures nucléaires (5%)
– Conseils et système d’information (4%)
– Energies renouvelables (5%)
Les réacteurs d’AREVA sont implantés dans les principales régions du monde : Europe occidentale, Amériques, Chine, Corée du Sud et Afrique du Sud. Ses principaux concurrents sont des groupes comme Westinghouse/Toshiba ou General Electric/ Hitachi.
L’allemand Siemens détient 34% du capital de la filiale Areva NP qui se charge de la fabrication des réacteurs civils. Or celui-ci a annoncé qu’il souhaitait revendre progressivement ses parts pour s’allier avec le russe Atomenergoprom ce qui pourrait mettre Areva en difficulté puisque ce DAS lui rapporte 40% du CA en 2009
Areva a voulu élargir son offre avec le business unit «énergies renouvelables» et se développe dans l’éolien, les bioénergies (centrales à biomasses et à biogaz clé en main)
En 2010 le groupe acquiert la société Ausra spécialisée dans les technologies du solaire thermique de concentration et cela lui permet de devenir un acteur majeur dans le domaine des énergies renouvelables, et proposer à ses clients des centrales solaires compétitives et efficaces.
Le pôle Aval: gestion des combustibles
Il réalise en 2009 un CA de 1,637 milliard d’euros contre 1,692 en 2008. Il représente 19% du CA du groupe et concerne toutes les activités liées au traitement et au recyclage des combustibles usés: c’est-à-dire la récupération et valorisation des déchets d’uranium et de plutonium en mélanges d’oxyde, la fabrication de réservoirs de stockage des déchets, l’assainissement des sites…
Il y a 5 business unit:
– Traitement et recyclage: cette BU récupère les matières valorisables (uranium et plutonium) des combustibles usés afin de les recycler sous une autre forme de combustible à 61% du CA de l’activité
– Valorisation: C’est l’organisation de l’assainissement des équipements et installations, démantèlement des sites à 14 %
– Logistique: transport et emballage des déchets nucléairesà 15%
– Assainissement: maintenance d’installations, décontamination et démantèlement des sites à7%
– Ingénierie: assister les opérateurs nucléaires dans l’évolution de leurs installations à2%
Le groupe grâce à ce DAS possède un avantage compétitif particulièrement important (contexte de réduction de l’empreinte nucléaire et de l’acceptation du nucléaire par le grand public) en lui permettant d’être leader mondial sur cette partie du cycle nucléaire.
En effet, l’intérêt de cette activité réside dans le fait que le recyclage du combustible usé contribue à économiser les ressources naturelles en uranium. De plus, il facilite la gestion des déchets radioactifs en réduisant significativement leur volume et leur radio-toxicité. Plusieurs pays, qui souhaitent lancer un programme électronucléaire ambitieux, se tournent vers la technologie du recyclage, Areva apparait donc comme l’acteur incontournable.
Dans ce domaine, les procédés technologiques mis en œuvre par Areva ont atteint leur maturité industrielle et permettent d’offrir aux clients des conditions commerciales compétitives.
Le pôle T&D
Il propose des systèmes permettant le transport d’électricité (moyenne et haute tension) du lieu de production vers le client final. En outre Areva installe des systèmes complets et fournie des services adaptés à chaque segment de marché (transmission, distribution et industrie électro-intensive). Les solutions proposées par le pôle permettent de faire fonctionner les réseaux électriques de manière fiable, stable tout en respectant l’environnement.
On peut décomposer ce pôle en 4 business unit:
– Produit: la conception et fabrication de produits de moyenne et haute tension pour acheminer l’électricité de la centrale jusqu’aux utilisateursà55% du CA
– Systèmes: l’installation de systèmes électroniques et informatiques liés à la gestion des réseauxà30 %
– Automation: la fabrication et l’installation de sources de pilotage en temps réel des réseaux électroniquesà9%
– Services: assistance aux clients, maintenance et de réparationà6 % du CA
Ce domaine d’activité stratégique d’Areva contribue à faire de la société un leader sur le marché. Depuis 2004, l’équipe dirigeante d’AREVA T&D a mis en œuvre des plans d’amélioration sur 3 ans, qui ont contribué au repositionnement de l’entreprise. En effet, la marge d’exploitation d’AREVA T&D est passée de – 3,2 % en 2004 à 7,4 % en 2009
Ce pôle a réalisé un CA en 2009 de 5,474 milliards d’euros, mais bien qu’étant l’activité «vache à lait» du groupe, il est actuellement en cours de cession.
C’est le pôle le plus internationalisé du groupe avec plus de 60% du CA du pôle réalisé hors de l’Europe.
C/ L’internationalisation
Dès la création d’AREVA, l’objectif du groupe était de devenir un leader mondial dans ses métiers et d’assurer une présence internationale sur tous les métiers du nucléaire. Le groupe a donc développé une stratégie d’internationalisation afin de bénéficier d’une base de clients élargie et s’implanter au niveau mondial.
Aujourd’hui AREVA est un groupe mondial avec une présence commerciale dans plus de 100 pays et qui ne cesse de se développer.
Le groupe AREVA dans le monde
Source:
www.areva.com
En Europe, AREVA est vite devenu un leader dans ses métiers. Cette fusion a permis au groupe de faire directement face à la concurrence mondiale, notamment celle d’Asie et d’Amérique du Nord. Le groupe AREVA a donc d’abord utilisé une stratégie de croissance de fusion avant de pouvoir lancer son internationalisation. Aujourd’hui les perspectives de croissance en Europe sont assez positives. Le marché du nucléaire continue de se développer en Europe de l’Ouest et des projets sont en cours de préparation en Europe de l’Est. Le marché des énergies renouvelables est aussi en pleine croissance grâce à la volonté de l’Union Européenne de développer ce type d’énergie. La zone Europe représente 57% du chiffre d’affaires du groupe en 2008.
En Amérique du Nord, l’implantation a commencé avec l’acquisition de la société américaine Canberra et puis Duke Engineering en 2002, qui renforce la position d’AREVA en tant que pilier dans le secteur de l’énergie. La stratégie était donc de s’implanter rapidement afin de pénétrer le marché efficacement. Cependant, cette stratégie peut être critiquée car une implantation aussi rapide nécessite des frais d’intégration en termes de construction de culture d’entreprise et de business model cohérent dans tout le groupe. Aujourd’hui le chiffre d’affaires dans la zone Amérique est en légère baisse mais les perspectives de croissance sont positives, notamment sur le marché des énergies renouvelables avec les marchés de la bioénergie en forte expansion au Brésil. La zone Amérique correspond à 14, 7 % du chiffre d’affaires total en 2008.
Dans la zone Asie et Pacifique, le groupe AREVA possède 11 sites industriels, une usine qu’il détient à 100%. De plus, le groupe a mis en place des partenariats avec des entreprises locales, appelées «co-entreprises». Cette stratégie est assez cohérente étant donné, qu’AREVA cherchait à pénétrer le marché Asiatique assez rapidement et les partenariats avec des entreprises locales vont permettre au groupe de mieux cerner les enjeux et les habitudes culturelles de travailler dans cette zone et dans ce secteur. Le marché Asiatique a une taille très importante, l’Inde et la Chine sont des pays avec de forte consommation en énergie. La Corée du Sud et le Japon développent la construction de centrale nucléaire. Par ailleurs, le marché des énergies renouvelables est aussi en développement dans cette zone, avec la volonté des gouvernements de favoriser la bioénergie, le solaire et la fibre hydrogène. La zone Asie et Pacifique représente 19,5% du chiffres d’affaires total en 2008.
Le groupe AREVA est aussi présent dans la zone Afrique et Moyen-Orient et intervient majoritairement dans les activités des Business Groups Mines, Amont et Réacteurs & Services. AREVA exploite l’uranium au Niger, où le groupe bénéficie de tarifs préférentiels. Par ailleurs, c’est au Qatar, que la filière T&D signe son plus grand contrat. Le groupe AREVA veille donc à s’accaparer les opportunités intéressantes dans la zone Afrique et Moyen-Orient. Les perspectives de croissance ne sont intéressantes à l’heure actuelle que pour le marché de l’énergie nucléaire avec l’intérêt des pays du Golfe et ceux d’Afrique du Nord pour l’utilisation de cette énergie.
Source:
www.areva.com
Le groupe AREVA a su donc se développer à l’internationale assez rapidement en cernant les marchés avec les perspectives les plus intéressantes. Cependant, on peut noter que cette implantation s’est faite dans une durée de temps très rapide dans certaines régions grâce à l’acquisition de sociétés locales. Cette stratégie permet au groupe AREVA de pénétrer le marché efficacement et décrocher des contrats intéressants. Néanmoins, il est important de souligner que chaque zone géographique doit être rassemblée sous l’égide d’une culture et d’un business model commun.
Les concurrents d’AREVA, ont pour la plupart une histoire beaucoup moins récente et se sont développés à l’internationale avec une stratégie différente. Le groupe américain Westinghouse s’est implanté par le biais de fusion et d’acquisition notamment en Europe.
D/ les actionnaires
Structure de l’actionnariat
AREVA a été créé le 3 septembre 2001, à partir de l’ex-structure CEA-Industrie dont le capital était détenu à 95 % par le CEA (Commissariat à l’énergie atomique). Aujourd’hui, la participation du secteur public(CEA, Etat et ERAP) dans le capital du groupe s’élève à87 %. Les4 % de capitaux flottantsont détenus par lesporteurs de certificats d’investissement.
Depuis, de nombreux actionnaires (Total, EDF…) ont apporté diverses participations minoritaires détenues principalement dans COGEMA (devenue, depuis, AREVA NC) et Framatome SA (devenue AREVA NP) en échange de titres du nouveau groupe AREVA.
La participation de l’actionnaire historique (le CEA) est passée de 95,1% à 78,96% à l’issue de ces opérations.
Alcatel, qui détenait 2,23% du capital du nouveau groupe AREVA, a vendu sa participation le 21 décembre 2001 à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Cette dernière qui possédait 1,36% du capital s’est ainsi renforcée à un niveau de 3,59%.[2]
Evolution de l’actionnariat
Source:
http://www.areva.com/FR/finance-402/index.html
Actionnaire
2009
De 2001 à 2008
2000
Capital
Vote
Capital
Vote
Capital
Vote
CEA
78,96%
82,99%*
78,96%
82,99%
95,14%
100,00%
Etat
5,19 %
5,19 %
5,19 %
5,19 %
–
–
CDC
3,59 %
3,59 %
3,59 %
3,59 %
–
–
ERAP
3,21 %
3,21 %
3,21 %
3,21 %
–
–
EDF
2,42 %
2,42 %
2,42 %
2,42 %
–
–
Framépargne**
0,62 %
0,62 %
0,62 %
0,62 %
–
–
CALYON**
0,96 %
0,96 %
0,96 %
0,96 %
–
–
Total
1,02 %
1,02 %
1,02 %
1,02 %
–
–
Porteurs de CI
4,03 %
–
4,03 %
–
4,86 %
0,00 %
AREVAauto-Contôle
0,2 %
–
–
–
–
–
L’actionnariat d’AREVA est partagé: l’Etat français est propriétaire direct et indirect: 5.19% de détention propre et 78.96% et 3.59% à travers respectivement le Commissariat à l’Energie Atomique ainsi que la Caisse des Dépôts et Consignation. D’autre part, des actionnaires minoritaires sont propriétaires du reste du capital de l’entreprise (ce sont en majorité de grands groupes français qui détiennent ces participations tels qu’Eramet ou Safran.)
Evolution du cours de l’action
L’introduction en bourse de l’entreprise Areva date de septembre 2001. La valeur du titre n’a cessé de croitre sur la période 2001-2007; le titre étant passé de 163.8 euros à 731.38 en moyenne. Ensuite, en une année, il a perdu plus du double de sa valeur pour atteindre un cours moyen en 2008 de 335 euros. Ceci s’explique par plusieurs facteurs, notamment une baisse de l’énergie nucléaire qui est intervenue en 2008 mais également la mauvaise évaluation de certains chantierscomme celui du réacteur finlandais d’Olkiluoto où le coût de construction du réacteur a été dépassé de plus de deux et milliards d’euros.
Conséquences de la structure actionnariale sur la stratégie du groupe
Les décisions stratégiques du groupe AREVA ne peuvent être prises sans l’aval du gouvernement français, ce qui a pour effet de minimiser le rôle des dirigeants de l’entreprise. Ce postulat est très important et contraint fortement le groupe dans ses politiques de financement.
En revanche, Cette propriété de l’Etat parait légitime : eu égard de l’importance des coûts fixes pour une telle société, aucun développement n’aurait été possible sans la présence d’un investisseur aussi important que l’Etat. De surcroît, c’est l’Etat qui permet, à travers les visites présidentielles, à l’entreprise de négocier de gros contrats dans les pays étrangers. Toutefois, il convient de relativiser l’importance de l’Etat puisque celui-ci a prévu de réduire ses parts lors d’une augmentation de capital qui devrait intervenir cet été (année 2010) et dont il n’a pas prévu de participer (seule une participation symbolique est prévue).
E/ la performance de l’entreprise vis -à-vis de ses concurrents
Performance économique au sein de la filière
§ Chiffre d’affaire
L’Europe est le principal marché client d’AREVA, totalisant 63,6% du CA en 2009 dont 38,2% est réalisé en France. Cette tendance est particulièrement marquée pour les pôles AMONT et REACTEURS ET SERVICES dont environ 75% de l’activité provient de France et des autres pays européens. AREVA connait donc une forte dépendance auprès du marché européen. Par ailleurs, les ventes réalisées en Asie-Pacifique et aux Amériques représentent un tiers du chiffre d’affaire, tandis que le groupe a pâtit d’un change euro/dollar défavorable.
A l’échelle internationale, AREVA connaît une forte concurrence au sein des activités AMONT, devancée par CAMECO et RIO TINTO dans l’extraction, puis par URENCO et USEC dans l’enrichissement. Son principal concurrent, présent sur l’ensemble des activités AMONT et REACTEURS et SERVICES est le russe Atomenergoprom.
AREVA conserve sa position de leader international au sein pôle AVAL. Son chiffre d’affaire a cependant reculé de 17% en 2008 et de 3,3% en 2009. En effet, cette activité répond essentiellement au besoin d’EDF dont AREVA est dépendante. De ce point de vue, AREVA a su capter un contrat important signé avec EDF en 2008 pour le recyclage de combustibles usés de 2008 à 2040.
Part du chiffre d’affaire des principaux acteurs de la filière nucléaire en 2008 (source étude Xerfi 9CHE27) :
§ Acquisitions
Le groupe a soutenu la croissance du pôle T&D en 2009 grâce à plusieurs acquisitions qui lui ont permis d’être compétitif sur le vieux continent. Il a généré en 2008 38% du CA et 10% des commandes conduisant ainsi à une croissance de 17% par rapport à l’année précédente. Les chiffres de 2009 ne sont pas détaillés dans le document de référence de 2009 publié par Areva, l’activité étant en cours de cession.
Il a par ailleurs investi dans les énergies renouvelables grâce à l’acquisition de l’équipementier brésilien Koblitz, géant de la construction clé en main de centrales électriques biomasses ou hydroélectriques.
AREVA devient pour le moment un des constructeurs de centrales dont l’offre est la plus diversifiée.
§ Résultat opérationnel
Malgré la hausse du chiffre d’affaire, le résultat opérationnel a lui chuté presque de moitié (-44,3% en 2008). Cela s’explique notamment par les difficultés rencontrées dans la construction de l’EPR OL3 en Finlande pour lequel 749 millions d’euros de provisions ont du être passées.
§ Ratios d’utilisation des actifs
D’après les données de In financials au 31/12/2009, AREVA présente un «cash ratio» (total du cash disponible sur les dettes courantes) de 9,35%, soit 12 points inférieurs à la moyenne de ses concurrents. Le groupe dispose de peu de liquidités, ce qui peut le mettre en difficultés étant donné l’intensité capitalistique de l’industrie nucléaire. Ainsi, si AREVA veut conserver son avance sur ses concurrents elle sera amenée à récupérer du cash afin d’investir massivement.
La performance économique du groupe est tout de même satisfaisante avec une rentabilité des capitaux propres de 1,95 soit plus d’un point supérieure à la moyenne de ses concurrents.
§ Participations
Le groupe semble opérer une stratégie de recentrage pour ne garder que les participations majoritaires autour de l’activité de production d’énergie nucléaire. En effet, il a annoncé sa volonté de céder ses participations dans l’opérateur minier et de métallurgie Eramet et dans le fabriquant de semi-conducteur STMicroelectronics.
Position d’AREVA vis-à-vis de ses concurrents
§ Partenariats
Le secteur du nucléaire étant très concentré et fortement capitalistique, les spécialistes mondiaux des centrales clés en main ont été amené à signer des alliances stratégiques à plusieurs niveaux:
Stratégique: en s’associant avec des sociétés d’extraction d’uranium afin d’assurer l’approvisionnement en matières premières. Exemple: Areva et Kazaromprom
Technologique: développement de coopération intra branche pour construire des réacteurs communs, atteindre rapidement une taille critique et bénéficier de synergies dans le domaine des achats, des savoir-faire technologiques. Exemples: Hitachi et GE (2007), Areva et MHI (2008), Siemens et Atomenergoprom (2010)
Economique: en s’associant avec des distributeurs d’électricités locaux afin d’apporter au client une solution complète de la construction à l’exploitation. Exemple: Areva et E.On au Royaume-Uni, Areva, GDF Suez et Total
· Compétitivité sur le vieux continent
Siemens qui détient 34% du capital d’AREVA NP a annoncé fin janvier 2009 qu’il cèderait totalement ses parts d’ici à 2012 pour mettre fin à ce partenariat financier. Siemens explique son désengagement par l’insuffisante coopération managériale. Ce partenariat permettait
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